Manager par la confiance et retrait créateur de valeur

Bonjour,
J’ai une formation d’ingénieur qualité et j’ai commencé ma carrière dans une industrie appartenant à une multinationale. C’est formateur, mais la prise en compte des personnes et leur reconnaissance passaient en dernier, bien loin après le dieu EBITDA. J’ai bifurqué professionnellement en 2012 vers le médicosocial au sein d’une association locale qui accompagne des personnes en situation de handicap (en Anjou) qui place l’humain au centre de toutes les réflexions. Je suis resté dans le domaine de la sous-traitance industrielle en devenant directeur d’un ESAT. Notre outil d’aide est le travail, si ce n’est pas renversant d’adapter le travail plutôt que de vouloir faire rentrer les personnes dans des process destructeurs ! Je pouvais enfin mettre en exergue le potentiel humain. Je suis convaincu qu’une personne qu’on n’écoute pas perd sa voix et que chacun à quelque chose d’intéressant à dire quel qu’il soit et quel que soit son positionnement. Je suis donc arrivé avec enthousiasme mais en ne connaissant rien au handicap. J’ai adopté une posture basse de leader serviteur avec une humilité bien placée en offrant ma confiance et en prenant le parti de la transparence en communicant les décisions et orientations stratégiques. Cela a permis de libérer l’expression et d’inciter à l’expérimentation. J’ai dû accepter le temps long de l’imprégnation et du changement des habitudes et donc de la culture. Dans le médicosocial, ça marche le management. En effet, en 2018 mon DG me propose de prendre la responsabilité d’un deuxième ESAT de l’association. Mon retrait créateur s’imposait de fait en étant au mieux à 50% de mon temps sur chaque structure. Les équipes sont devenues plus autonomes et les salariés plus responsables dans un contexte rassurant par mon soutien quant aux actions mises en œuvre pendant mon absence. L’intelligence collective a opéré. En parallèle de cela, je m’engage fortement dans la RSE en pratiquant sur les deux structures et en rejoignant une association (DRO – Dirigeants Responsables de l’Ouest) qui a pour objectif d’être impactante et inspirante pour développer des modèles organisationnelles et économiques en reconnexion avec l’humain tout en préservant un avenir désirable.

Tu comprends que quand j’écoute pour la première fois en décembre dernier un épisode d’ODM, c’est Noël et j’enchaîne avec une série importante de cadeaux euh… d’épisodes. Cela résonne énormément en moi et agit comme un révélateur de mon manque d’outils à disposition. Je suis convaincu que j’ai façonné un terreau super fertile ces dernières années et qu’avec les outils que tu prônes je vais être un meilleur jardinier. J’achète une formaction, puis d’autres (je n’ai pas tout terminé) et je mets en place dès décembre mes premiers 1à1 avec mes collaborateurs directs, c’est du clefs en mains. Le terreau étant fertile, cela va vite, car eux-mêmes s’approprient l’outil et mettent en place leurs 1à1 en janvier avec leurs collaborateurs. Rapidement, chaque salarié est vu hebdomadairement par son hiérarchique ou une personne déléguée (autre apport). Depuis, chaque salarié se dit être vraiment écouté, que la communication est meilleure et les managers sont moins coupés dans leur travail. L’environnement est plus serein. Un chef d’atelier (il y a 2 cadres par structure pour une vingtaine de salariés et une centaine de travailleurs handicapés) se casse la main en avril et m’annonce 6 semaines d’arrêt, je sors l’outil délégation temporaire avec une communication expliquant mon choix de celui qui le remplace et de celui qui remplace de remplaçant ; les salariés sont rassurés et ont les éléments de compréhension 24 heures après l’annonce de cet aléa. J’évoque le maintien des 1à1 qui seront de service. Nous sommes aujourd’hui plus robustes qu’avant cet aléa, c’est peut-être ça l’antifragilité. Je suis également passé de ma porte en permanence ouverte en me leurrant sur ma disponibilité permanente (présent physiquement face à un salarié mais pas mentalement) à ma disponibilité réelle sur rendez-vous. Ça change tout, pour moi et pour les autres. Après quelques semaines de 1à1, je sors des feedback positifs et correctifs et j’accompagne les managers dans les leurs. Un chef d’atelier me fait part en juillet du remerciement d’un moniteur d’atelier suite à un feedback correctif. Depuis plusieurs mois, je peux consacrer plus de temps à mon rôle de vision stratégique, d’influenceur en interne de l’association et en externe sur la reconnaissance du handicap au travail, d’inspiration en visite d’entreprises ou dans des réseaux. En effet, je suis essentiel et dispensable avec une meilleure qualité de présence tout ça en 6 mois sur la base d’un terreau fertile. Cela continue avec une dimension plus importante que je vais prendre début 2023 au sein de mon association ou je vais intervenir en tant que directeur délégué à la performance organisationnelle sur les 6 structures qui accompagnent les personnes par le travail. Je me lance également en plus dans l’accompagnement sur le management de structures de l’économie sociale et solidaire de mon territoire.

Encore merci pour ces outils concrets et l’inspiration qui me débride et fait émerger les compétences dans un climat serein. J’ai deux recrutements de cadres en 2023, d’ici là je ferai la formaction recruteur d’élite.

Bonne journée

Hervé