Bonjour Mike,
J’espère que je ne vais pas faire de la sur-interprétation. La description que tu donnes me fait irrésistiblement penser à une situation que j’ai vécue au début des années 2000, et que je pourrais résumer en « mon chef est incompétent mais sa hiérarchie refuse de traiter le problème ».
Si ce n’est pas comme ça que tu vis le problème, oublie la suite de mon message.
Si, en revanche, c’est ce que tu ressens, je peux te mettre en garde contre l’erreur que j’ai faite à l’époque : entrer en guerre ! A l’époque je me suis allié avec mes pairs, managers comme moi des autres départements, pour tenter de faire bouger les lignes.
Aujourd’hui je sais que c’était une erreur.
Au bout du compte nous avons eu gain de cause mais c’était déloyal et cela a miné l’autorité et la crédibilité générale de l’organisation et généré plein d’autres problèmes par la suite.
A l’époque je m’étais mis en tête que ma position était défendable parce que (a) je protégeais mon équipe et (b) parce que j’avais l’impression que mon N+2 (le patron) était lui-même déloyal en refusant d’entendre nos difficultés.
Aujourd’hui je crois que je me trompais de point de vue ; je m’étais mis en posture de sauveur (de mon équipe, de la boite) et pas en responsabilité. Mon job c’était d’obtenir des résultats avec le contexte et les contraintes qui étaient les miennes (y-compris ce « mauvais chef »), pas de partir en guerre contre les choix de la direction. Ou alors de démissionner.
Si c’était à refaire, je poserai le problème autrement :
- « Est-ce que je suis capable d’obtenir les résultats qu’on attend de moi avec ces contraintes ? »
- « Est-ce que, avec ces mêmes contraintes, je suis en mesure de protéger, voire renforcer, la capacité à les obtenir demain ? » (si tout le monde se barre, ça va être compliqué)
Si la réponse est « oui », je suis capable de faire le job, l’entreprise n’est pas en danger.
Je n’ai qu’un sujet de confort, de culture ou d’égo dans ma relation avec mon boss.
Le problème devient : « Est-ce que j’ai envie de rester ? », ou « Comment améliorer ma relation avec lui ? »
Comme il ne changera pas spontanément, c’est forcément moi qui doit bouger. Il va falloir que je m’intéresse à ce qui l’intéresse pour comprendre ce que je peux lui apporter pour lui donner envie de changer. Il me semble que @CedricODM a justement fait des podcasts, des articles et même une form’action sur le sujet.
Si la réponse est « non », j’ai un problème très différent : je ne suis pas capable d’obtenir les résultats avec ces contraintes.
Deux options :
- soit c’est moi qui suis incompétent dans ce contexte, et je devrai sans doute me remettre en question (apprendre ou bouger)
- soit c’est l’environnement qui rend le job impossible et il faut que je fasse la pédagogie du problème.
Ce qui est très différent par rapport au premier cas plus haut (celui où je sais faire le job, même si c’est inconfortable, désagréable, inefficace) c’est que ici, l’entreprise a un problème, pas juste moi.
Et c’est ça qu’il faut montrer : montrer à mon chef en quoi le fonctionnement actuel m’empêche de faire mon job, d’atteindre les résultats attendus.
Il faut le rendre visible de façon indiscutable, et lui demander son aide, pour le responsabiliser (et s’il est hyper directif il devrait être assez tenté d’apporter des solutions 
Soit tu seras entendu, même sur un seul point (je me mettrais comme objectif de faire bouger au moins 1 point, pour gagner en efficacité) et une dynamique d’amélioration sera engagée, soit ton chef refuse le dialogue et tu peux faire une escalade en 3 temps :
- une méta observation à ton chef : je vous dit que je n’y arrive pas et vous refusez qu’on en parle, que suis-je sensé faire ?
- une méta observation à ton N+2 : j’ai dit à mon N+1 que je n’y arrives pas, il refuse qu’on en parle, pouvez-vous m’aider ?
- la sortie : j’ai dit à mon N+2 que je n’arrive à rien et que je ne peux pas en parler avec mon N+1, et mon N+2 non plus ne veut pas m’entendre sur le sujet. Il n’y a rien à faire. Je m’en vais.
Dernier conseil : quand j’étais en guerre contre ce chef incompétent, j’avais tendance à tout interpréter négativement. Quand tu dis « il s’acharne sur des détails » ou « il me contrôle constamment » ce sont tes perceptions ; pour le deuxième point, par exemple, tu précises toi même : « il n’y a pas un jour où il ne me contacte pas ». Je ne sais pas si c’est du contrôle. Sans doute que oui, parce que tu le fréquentes tous les jours et que tu le connais mais peut-être aussi qu’il y a d’autres explications.
Je me souviens d’un épisode de podcast de Gill Geisler (« What great bosses know », sur iTunesU) elle racontait qu’à une époque à chaque crise elle se sentait obligée d’être là tout le temps avec son équipe, par solidarité et exemplarité… jusqu’à ce qu’une collaboratrice lui dise « tu sais, tu n’as pas besoin de rester pour surveiller. On est compétents et responsables, on te préviendra s’il y a besoin »
Ce que ses équipes prenait pour du flicage était de son coté une tentative de se montrer solidaire …
Tu peux peut-être demander à ton chef ce qu’il aimerait que tu changes dans ton management. S’il te demandes pourquoi, tu pourras lui dire « parce que, par exemple, sur tel problème tu as été directement voir mes équipes pour leur dire ce qu’il fallait faire; j’en déduis donc que ce que je faisais comme manager ne te convient pas. je voudrais donc savoir ce qu’il faut que je change ». Soit tu apprendras en effet ce que tu fais qui ne va pas, soit il se rendra compte des effets de son comportement.
Et, là encore je te suggère de bien choisir ton sujet : tu ne peux pas arriver avec une liste longue comme le bras de problèmes, ton chef risque de se braquer. Ma suggestion, qui rejoint celle d’ @Olivier_35 c’est de choisir le sujet qui fera la plus la différence pour toi, soit en termes de gains d’efficacité pour toi ou ton équipe, soit en terme de moral.
En tous cas bon courage. C’est très très lourd d’être constamment en relation avec quelqu’un qui a du pouvoir sur toi et qui te donnes le sentiment de ne pas être respecté ou reconnu. Prends soin de toi et souviens toi que le pouvoir qu’il a ne dépasse pas celui que tu lui donnes. Personne ne peut t’empêcher de partir 
Prends soin de toi