Comment se faire respecter au travail?

Bonjour,
Je reviens vers vous pour vous faire part de la situation difficile que je vis dans mon entreprise depuis près de 2 ans.

J’avais déjà exprimé quelques doutes il y a un an : Encadrer du personnel syndiqué et revendicateur

Il y avait effectivement un mal être dans cette PME, le style autoritaire du directeur (et seul manager après qu’il ait licencié son responsable d’exploitation) n’a pas convenu au personnel. Nous avons connu une année infernale: plusieurs burn-outs (moi y compris, et une collègue partie par l’ambulance), des démissions, 2 audits sur les Risques Psychosociaux… pour finalement aboutir à la mise à pied du directeur et son remplacement temporaire par un manager de transition il y a 2 mois. Le tout dans un contexte de faible activité, sauvée grâce à l’argent public et dont la plupart des services sont en sous-effectif chronique depuis des mois.

Depuis, la pression est retombée, mais une partie du personnel de terrain reste très hostile. Alors que je suis le responsable qualité/technique (et que je n’ai pas de rôle hiérarchique dans l’organigramme), je reste le seul cadre « sachant » de l’entreprise. Le manager de transition s’appuie beaucoup sur moi et je me retrouve seul en première ligne pour affronter « la foule ».

Les conflits avec ces personnels (env. 5 personnes) sont quotidiens, mes directives sont systématiquement contestées. J’ai de sérieux soupçons de sabotage (machines mises en panne, volontairement ou par manque de zèle excessif).

Je croyais avoir réussi à manager par influence, beaucoup reconnaissent mon expertise et me considèrent comme leur N+1 naturel. J’aimerai leur donner plus (1à1, feedback…), mais, étant largement débordé (j’occupe déjà le poste de 2 personnes), je laisse cette tâche à mon directeur qui reste leur N+1 officiel et que j’essaie de coacher comme je peux.

Suite à une énième dispute vendredi dernier, j’apprends que l’on me considère comme quelqu’un qui ne soutient pas ses équipes, qui n’est pas assez autoritaire, qui est une victime (comme un enfant que l’on rackette à la cour de récré).

Ces propos m’ont énormément blessé, j’ai toujours rejeté le management autoritaire (et j’ai pu avoir la belle illustration que cela ne marchait pas). Je me concentre sur les tâches et choisis toujours mes combats.
Je suis un profil C, mon style a toujours convenu lorsque je coachais des stagiaires ou des personnels de niveau bac+2 à +5. Aujourd’hui, je suis complétement démuni face à ces agents de terrain au profil assez marqué (faible éducation, syndicalisé, « anti-tout »), mais néanmoins irremplaçables car critiques à l’activité et d’une profession très rare en France (il faut quasiment 1 an et 30 k€ pour former un nouvel arrivant).

Comment accepteriez-vous ces critiques?
Faut-il être un tyran pour asseoir son autorité et motiver les troupes?
Avez-vous des conseils à me donner?

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Bonjour @Korben.
Merci d’avoir posé ce sujet.

J’ai vécu des situations similaires. Je ne m’en suis pas encore remis. Je suis même arrivé à me dire que j’irai voir mon N+1 pour lui dire de s’apprêter à sortir les 30k€ pour former des remplaçants car je vais licencier sans état d’âme. Ce que je ferai sûrement désormais, c’est de rappeler au N-1 qu’au final aujourd’hui c’est moi le capitaine, alors soit il est dans le bateau et il rame dans la direction que je donne, soit il n’est pas dans le bateau. La vie est ainsi faite, on n’a pas forcément le capitaine qu’on veut ni le bateau qu’on veut.
Du courage chez toi.

Une question : Vu que tu n’es pas directement le N+1, peut on envisager une réunion au cours de laquelle ton N+1 dira à tout le monde que tes instructions doivent suivies, et que les refus seront considérés comme des fautes professionnelles ?

C’est ce que faisait l’ancien directeur, avec son tact bien à lui qui l’a mené vers la sortie. Le nouveau est là pour « apaiser » les choses et me demande à demi-mot de faire pareil. Ce dont les « rebelles » sont très heureux.
Si je n’avais pas été moi même victime de son management autoritaire, j’en viendrai presque à le regretter, car montrer de l’empathie semble être un aveu de faiblesse.

Si tu arrives à identifier des saboteurs, va falloir passer à l’acte.

Bonjour @Korben,

Tout d’abord bon courage à toi dans cette situation difficile qui semble persister depuis un bon moment maintenant.

  • L’ambiance que tu décris est clairement une résultante du management autoritaire qui a eu lieu précédemment. C’est donc une preuve que non, il ne faut pas être un tyran pour asseoir son autorité et encore moins pour motiver ses troupes. C’est plutôt la recette pour créer des « divas ».

  • Tu dis « qu’on te considère comme quelqu’un qui ne soutient pas assez ses équipes… »
    Je ne peux que te recommander de ne pas prêter d’attention aux remarques faites par « on » et qui te sont rapportées indirectement. Ce « on » n’est probablement pas tout le monde et il est préférable que tu proposes que la personne concernée viennent te trouver directement.

  • Tu peux également faire le tri entre les personnes qui contestent tout et les personnes qui roulent pour l’entreprise et te concencentrer à faire progresser les bons éléments. Te concentrer sur les éléments défaillants te fera perdre temps et énergie.

  • Il y a probablement à éclaircir les choses avec ton N+1 pour clarifier ton rôle auprès de tes collaborateurs. Cependant si tu dois faire des feedback tout en ayant peu de temps, concentre-toi sur les comportements les plus préjudiciables à l’entreprise que se soit en terme de performance ou de travail d’équipe. Ne fais des feedbacks que sur ces comportements-là mais de façon répétitive.

  • Pour ce qui est des conflits, n’oublie pas que tu as ta vision, et que tu es orienté tâches avec peut-être une tendance à imposer ta solution basée sur ton analyse. Je t’engage dans les situations de conflit a essayer de déterminer quel est le problème à résoudre car définir le problème à résoudre peut faire tomber d’autres tensions qui sont finalement plus liées à des frictions entre les personnes.

Adélie

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Bonjour, merci pour vos conseils, je vais essayer d’y penser et de prendre un peu de recul sur la situation pour retrouver ma motivation.

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Bonjour Korben,

Dans ton message tu indiques que ton n+1 est un manager de transition : sais tu combien de temps cette situation va durer ? Y a-t-il un recrutement ou une nomination en cours ?

C’est quand même délicat je trouve que ton n+1 t’envoie en 1ère ligne alors que tu n’as pas de lien hiérarchique avec les autres membres de l’équipe, surtout si l’ambiance n’est pas au beau fixe.
Si les rôles de chacun ne sont pas clairement définis ça risque d’être difficile de sortir de cette situation…

Le manager de transition est là pour au moins 6 mois de plus.
Un nouveau manager qui encadrerait directement ces personnels est en cours de recrutement, si tout se passe bien, il arrivera vers janvier/février.
En attendant, je renvoie maintenant systématiquement chaque personne revendicatrice (conflit, jalousie, planning, refus des tâches et ralerie en tout genre) au bureau à l’étage (mon n+1 de transition) pour lui faire comprendre la situation et lui faire goûter les plaisirs du quotidien ^^. Cela ne me fait pas forcément bonne publicité, mais j’ai besoin de temps pour me consacrer à mes tâches essentielles.

J’appréhende l’hiver car notre activité est très perturbée et sensible aux intempéries, ce qui ne manquera pas d’attiser à nouveau les tensions.

Bonjour,

J’espère en tout cas que tu trouveras une solution avant que la situation prenne des proportions irrattappables (en même temps tu parles de sabotage, donc c’est quand même bien avancé…).

Bon courage

Bonjour Korben.

Tu as beaucoup de mérite d’exercer une activité managériale alors que ce rôle ne fait pas partie de ta fiche de poste.
Ne te focalise pas sur ces critiques. Elles sont injustifiées et proviennent de toute évidence de personnes qui se seront jamais contentes, quoi que tu fasses. Je suis certain que de nombreuses personnes silencieuses pensent du bien de ta façon de manager.
Mon conseil : identifie des alliés parmi tes collaborateurs (ceux avec qui le courant passe bien, qui ont un profil C comme toi, à qui tu fais confiance, qui sont des moteurs pour l’équipe, etc.). Concentre tes efforts sur ces personnes : plus elles apprécieront ton management, plus elles en parleront autour d’elles, et les plus récalcitrants finiront peut-être par se radoucir.

Ne te décourage pas.

Il y a des causes qui valent la peine de se battre d’autres non

Vous êtes vous demandé pourquoi s’entêter dans un tel dysfonctionnement ?

Pas simple.
Continuons d’y réfléchir.

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